jeudi 27 juillet 2017

Violences dans les banlieues et les villes

À Wissous, le show des fans de la «Bike Life» interrompu par la police (21.08.2017)
Ces rodéos urbains qui inquiètent les maires de banlieue (21.08.2017)
Mort de Chaolin Zhang à Aubervilliers: ce que révèle l'enquête (27.07.2017)
Trois jeunes jugés pour l'agression «raciste» d'un Chinois à Aubervilliers (21.07.2017)
Des ouvriers d'Échirolles harcelés par des bandes d'ados (18.07.2017)
Aisne: plus de mineurs dans les rues à 23h (17.07.2017)
Seine-et-Marne. Une crèche part en flammes, la piste criminelle privilégiée (17.07.2017)
Seine-et-Marne: 2 jeunes écroués après la mort d'un homme, Hassen Kherbache (17.07.2017)
« Il faut que les choses changent. Hassen a grandi à Nangis, c’était la belle époque » (16.07.2017)
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Seine-et-Marne : Hassen, 47 ans, tué en s’interposant dans une rixe à Nangis (14.07.2017)

À Wissous, le show des fans de la «Bike Life» interrompu par la police (21.08.2017)



Mis à jour le 21/08/2017 à 21h16 | Publié le 21/08/2017 à 20h03

REPORTAGE - Depuis plusieurs semaines, la zone industielle de cette commune de l'Essonne sert de lieu de rendez-vous aux participants de ce que l'on appelle un rodéo sauvage.

C'est une zone industrielle comme il en existe des milliers. À Wissous, en Essonne, entre l'autoroute du soleil et les pistes de l'aéroport d'Orly, de nombreux ronds-points desservent de grandes lignes droites d'asphalte qui longent hangars et entrepôts. Ce dimanche 20 août, il est impossible de circuler pour un camion qui voudrait décharger des marchandises: la voie principale est envahie par des dizaines de moto-cross et de quads sous l'œil ravi de nombreux spectateurs. Depuis plusieurs semaines, la zone industrielle de Wissous sert de lieu de rendez-vous aux participants de ce que l'on appelle un rodéo sauvage. «On vient ici parce qu'il y a trois grandes lignes droites, c'est parfait pour rouler, et on ne fait chier personne», explique Pack, l'un des cofondateurs du Dirty Riderz Crew, un groupe d'une douzaine de motards devenu une institution dans le milieu des rodéos. Selon sa définition, lui et ses amis pratiquent le «cross bitume», «un sport» dont le but est d'enchaîner des figures de voltige sur des moto-cross et des quads.


Leurs vidéos qui compilent leurs meilleures acrobaties comptabilisent plusieurs centaines de milliers de vues sur les réseaux sociaux

Vers 15 heures, ils sont déjà plus d'une cinquantaine sur le bord de la principale ligne droite. Les participants acheminent leurs «bécanes» en camion, que les bikers se partagent. On voit principalement des motos YZ 125, modèle phare de la marque Yamaha, très populaire chez les adeptes des rodéos. Pour les quads, différentes tailles et modèles existent, mais la machine la plus prisée est le Banshee 350, toujours de la marque japonaise. Omniprésent sur la route, le logo Yamaha l'est également dans le code vestimentaire des bikers: ils arborent t-shirts, blousons ou casquettes de la griffe. D'autres marquent leur appartenance aux différentes équipes du milieu, dont le Dirty Riderz Crew (DRC) et la 619 Ryderz sont les plus connus. Leurs vidéos qui compilent leurs meilleures acrobaties comptabilisent plusieurs centaines de milliers de vues sur les réseaux sociaux. D'une équipe à l'autre, tous reprennent le même slogan: «Bike Life», la vie dédiée à la bécane. Ils viennent de toute la région parisienne pour «tourner» ensemble, le nom donner à leurs allées et venues sur la route.

Bordée par un muret et des arbres du côté gauche, la ligne droite a cet avantage d'être longée à droite par de nombreux renfoncements, qui permettent aux participants de garer leurs voitures et camions. Certains sont venus en famille, d'autres sont très organisés et s'installent comme au camping. Une femme attise les braises d'un barbecue. Installés sur des chaises dépliantes, deux jeunes hommes fument une chicha.

Le «wheeling» et la «symphonie»

Débute alors un ballet incessant. Une cinquantaine de véhicules se succèdent, se suivent ou se croisent dans un vacarme assourdissant et ininterrompu. Sur leurs machines survitaminées, des jeunes hommes, tout juste sortis de l'adolescence pour certains, la trentaine bien tassée pour d'autres, enchaînent les acrobaties. Tous ne portent pas les protections réglementaires, loin de là. On aperçoit certains motards sans casques, sans gants, voire torse nu. «On fait de la prévention, on leur dit qu'il faut se protéger, mais les jeunes n'en font qu'à leur tête», regrette Pack. Pourtant, leur numéro d'équilibrisme est périlleux. La figure la plus commune consiste à lever la roue avant de la moto et de rouler sur la seule roue arrière. C'est le «wheeling», qui peut être effectué par les plus téméraires ou les plus doués, en ôtant une voire les deux mains du guidon, que l'on tend en croix ou que l'on joint sur le torse. On parle alors de «no hand». Akro, membre et mécano officieux du Dirty, préfère la «symphonie», qui consiste à «faire chanter» sa moto en jouant avec l'accélérateur, une fois la roue avant levée.

Pour Soper, un plombier de profession qui s'est plongé dans le cross-bitume il y a six mois à peine, le plus important reste «l'attitude». Avec son casque noir, son t-shirt noir siglé DRC et ses chaussures violettes assorties à ses gants, lui cultive son look «purple», son autre surnom. «Le dimanche, ce mec ne vit que pour la bécane» s'amuse Comar, un rappeur de 26 ans qui s'inspire de la culture du cross-bitume pour ses chansons. Son titre Yamaha, sorti en 2016, approche les cinq millions de vues sur la Toile. «C'est le “Sunday Fun day” comme disent les Américains», ajoute le rappeur. «Tout vient des États-Unis», explique Pack. «Le cross-bitume est né à Philadelphie et Baltimore», décrit celui qui, par deux fois, est allé en «pèlerinage» sur la côte Est des États-Unis.

Ce que souhaiteraient ces passionnés, c'est qu'une municipalité leur aménage un espace et encadre leur activité.« On demande juste une ligne droite ! »

Soudain, peu avant 17 heures, l'ambiance bruyante et joyeuse retombe d'un coup. «Y'a les keufs», préviennent certains motards. En quelques secondes, plusieurs voitures de police viennent barrer les deux bouts de la ligne droite, prenant les bikers au piège.

Le ballet s'arrête progressivement alors que des agents surgissent des véhicules et pointent leurs pistolets à Flash-Ball sur les téméraires qui tenteraient de s'échapper. En plus de leurs voitures et fourgonnettes, les policiers sont venus avec «une dépanneuse», constatent impuissants les participants du rodéo. «Ils vont rafler toutes les bécanes», se lamente un biker. «Y'a pas une sortie? demande-t-il: Non y'a plus rien à faire, on est morts…» lui répond un autre. Soper, habitué des tractations avec les forces de l'ordre, tente de calmer la situation. «Les flics me connaissent, ils savent que je suis réglo.» Il en va de même pour Pack, qui, en habitué des rodéos, sait comment limiter les dégâts.

En effet, les policiers laisseront partir les membres du DRC sans encombres. Pour d'autres, c'est au commissariat qu'il faudra justifier l'absence de plaque d'immatriculation ou des papiers des véhicules constatés lors du contrôle. «On a embarqué une dizaine de motos et quads», explique un responsable sur place. «Ce sont des véhicules qui n'ont pas l'autorisation de circuler voire simplement de stationner sur la voie publique.» «Ils sont super énervés aujourd'hui», déplore Pack, qui raconte que, «d'habitude, ils passent simplement vérifier qu'on porte un casque». L'intervention d'envergure menée ce dimanche répond à la mort d'un jeune homme, deux semaines plus tôt, sur la ligne droite de Wissous. «On ne peut pas laisser des gamins mourir tous les week-ends», explique un policier, ce à quoi Soper et Pack acquiescent. Ce que souhaiteraient ces passionnés, c'est qu'une municipalité leur aménage un espace et encadre leur activité. «On demande juste une ligne droite!», soupirent-ils. En attendant, «Wissous, c'est fini», constate Pack. «Mais on trouvera toujours d'autres endroits où tourner.»

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Ces rodéos urbains qui inquiètent les maires de banlieue (21.08.2017)


Par Angélique Négroni
Mis à jour le 21/08/2017 à 20h39 | Publié le 21/08/2017 à 20h18

Deux jeunes sont morts cet été. Le sénateur maire de Massy va déposer une proposition de loi à la rentrée.

Avec eux, les nuisances sont garanties à tous les étages. Dans la rue où ils risquent de renverser un passant, mais aussi chez les habitants des petites et grandes villes en circulant sous leurs fenêtres. Les figures acrobatiques qui ponctuent leur défilé étant réalisées dans un vacarme assourdissant.«Une symphonie», comme le décrit malicieusement un adepte de ces chevauchées.
Partout en France, riverains et élus crient leur ras-le-bol face à ces rodéos de motos et de quads qui, en été, reprennent de plus bel sans que la police, selon eux, n'intervienne. Depuis la mort de deux jeunes à motocross percutés par une voiture de police en 2007, l'inaction policière serait, pour beaucoup, encouragée. Ce drame avait été à l'origine des émeutes de Villiers-le-Bel dans le Val-d'Oise.

«L'interdiction donnée aux forces de l'ordre de poursuivre les contrevenants nous laisse, nous élus, désemparés sans solution.»
Vincent Delahaye, sénateur maire de Massy (Es­sonne)

«L'interdiction donnée aux forces de l'ordre de poursuivre les contrevenants nous laisse, nous élus, désemparés sans solution», tempête ainsi le sénateur maire de Massy (Essonne), Vincent Delahaye, dans un courrier adressé le 28 juin dernier au ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb. Pour attirer l'attention sur ce «fléau» urbain, ce dernier compte déposer à la rentrée une proposition de loi. En préparation, le texte viserait à durcir l'arsenal répressif. Outre la création d'un délit spécifique anti-rodéo qui sanctionnerait le propriétaire du deux-roues, il s'agirait aussi de détruire systématiquement la moto. «Et pourquoi ne pas ajouter une majoration de prime d'assurance en peine complémentaire?» indique l'élu de l'Essonne. En 2015 déjà, plusieurs dizaines de sénateurs avaient tenté de faire adopter de nouvelles dispositions. Sans succès.

«Pourtant, il y a urgence à agir», assène le même sénateur maire. Pas une région n'est aujourd'hui épargnée. Ainsi, dans le Nord, la métropole Lilloise doit fait face à des hordes de motos, tout comme à Nantes ou Belfort samedi dernier.

Le monde rural touché

Mais le rodéo n'est pas qu'un mal urbain. Il touche aussi le monde rural. Enfourchant quads et motos, des hors-la-loi sortent ainsi des cités qui ont poussé au milieu des champs et passent à travers les plaines en fauchant les récoltes. Ulcéré, Jacques Fouquenelle, agriculteur du Pas-de-Calais, avait fini par filmer ces bandes qui broyaient son maïs. «Cela avait calmé le jeu», dit-il. Mais sitôt traqués à un endroit, ces motards font faire vrombir leur moteur ailleurs. «On a l'impression que les forces de l'ordre préfèrent voir ces vandales au milieu de nos céréales plutôt qu'en ville», regrette Pierre Dacheville, autre agriculteur du département.

«Par jeu, par peur et par provocation, les jeunes sont prêts à tout pour fuir la police. Ils mettent leur vie en danger et celle des autres.»
Claude Chabot, porte-parole de la Ligue contre la violence routière de Loire-Atlantique

En ville, il est vrai, le danger est plus patent et les drames ne sont pas toujours évités. Ainsi, le 5 août dernier à Coignières dans les Yvelines, un adolescent de 13 ans a trouvé la mort en finissant sa course contre un arbre. Un autre jeune de 17 ans qui avait fui la police à Massy en mai dernier s'est tué en percutant un bus. L'enquête avait écarté la thèse de la course-poursuite, mais les esprits s'étaient aussitôt enflammés. Massy a essuyé deux nuits d'échauffourées. Le spectre de Villiers-le-Bel planait alors sur la ville.

Le dérapage, le drame et l'embrasement d'un quartier sont de toute évidence le scénario redouté par policiers et gendarmes. Beaucoup conviennent alors qu'ils ne visent pas forcément l'arrestation sur-le-champ et renoncent aux courses-poursuites, trop risquées. «Par jeu, par peur et par provocation, les jeunes sont prêts à tout pour fuir la police. Ils mettent leur vie en danger et celle des autres», relate Claude Chabot, porte-parole de la Ligue contre la violence routière de Loire-Atlantique. D'autres moyens sont aujourd'hui préférés pour juguler ces pratiques. Touchée dans deux secteurs, Bordeaux a ainsi recours à la vidéo-verbalisation. «Les images capturées sont adressées à la police, qui, par les plaques d'immatriculation, remonte jusqu'au propriétaire», raconte Jean-Louis David, l'adjoint en charge de la vie urbaine. Également, des actions d'envergure ont lieu. Des descentes dans des caves sont organisées pour contrôler les motos entreposées et leurs usagers. «Les infractions pleuvent», ajoute l'élu.

Ces opérations d'ampleur sont d'ailleurs privilégiées pour mettre un terme à des rodéos XXL. Ces «runs» qui déplacent des centaines de spectateurs dans des zones industrielles ou qui ont lieu aussi sur autoroute sont notamment traqués en région Occitanie. «On contrôle tout le monde et on verbalise pour alcoolémie, engin trafiqué, excès de vitesse. Cela va de la contravention au délit», relate un gendarme. Bordeaux, qui s'est doté il y a plusieurs années d'une piste d'accélération, est parvenu à attirer sur son circuit des adeptes de ces courses. Mais ceux qui utilisent la moto comme moyen de braver les interdits ne s'y rendent pas. La rue restera, pour eux, l'unique terrain de jeu.

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Mort de Chaolin Zhang à Aubervilliers: ce que révèle l'enquête (27.07.2017)


Par Gurvan Kristanadjaja — 27 juillet 2017 à 10:45

La communauté chinoise manifeste dans les rues de Paris après la mort de Chaolin Zhang, en septembre 2016. Photo François Guillot. AFP 

Près d'un an après l'agression du couturier chinois en banlieue parisienne, «Libération» a eu accès au dossier et a pu reconstituer les faits et le profil des suspects.

Mort de Chaolin Zhang à Aubervilliers: ce que révèle l'enquête
L’affaire est devenue le symbole de la stigmatisation des personnes d’origine asiatique à Paris. Le 7 août 2016, la mort de Chaolin Zhang, un couturier chinois de 49 ans décédé après un vol violent perpétré par trois jeunes hommes, a suscité la colère de la population et des associations. Dans les rues d’Aubervilliers puis à Paris, des milliers de personnes ont manifesté pour réclamer davantage de sécurité. On a attribué à cette agression les mots de «racisme ordinaire». Le 20 juillet, la circonstance aggravante de racisme a d’ailleurs été retenue. Un an après les faits, Libération, qui a eu accès au dossier, reconstitue le déroulé et revient sur le profil des accusés.

«Dims le meurtrier»
Après le vol, il faudra attendre deux semaines pour que l’enquête s’accélère. Le 25 août 2016, alors qu’aucun des suspects n’a été encore interpellé, une source anonyme confie aux enquêteurs qu’un jeune homme d’une cité voisine se fait appeler «le meurtrier» depuis le décès du couturier. Il se vanterait même d’être l’auteur de l’agression. Des recherches sur son compte Facebook permettent à la police de l’identifier : M., 19 ans, est déjà connu des services pour un vol à l’arraché en janvier 2016. Son profil s’étaye au gré des renseignements recueillis : sans emploi, il pratique la boxe et vit chez sa mère. En raison de problèmes de santé et à cause d’ennuis judiciaires, il a dû quitter le deuxième régiment de dragons de l’armée. Au moment des faits, il est donc inscrit à Pôle emploi. Il enregistre aussi des morceaux de rap sous le nom de «Dims le meurtrier». Dans l’un d’eux, publié sur YouTube en juillet 2016, on le voit notamment lancer : «On la ferme quitte à prendre du ferme […] Bien garni en vol aggravé, ton blase gravé en GAV.»

Dans le même temps, la vidéosurveillance livre d’autres informations. Fin août, les enquêteurs découvrent des images des trois assaillants en train de fuir le soir de l’agression. Quatre jours après, trois jeunes reviennent en scooter sur les lieux. On les voit ainsi à visage découvert, à l’angle de la rue des Ecoles, en train de briser la caméra à coups de marteau. Grâce à ces éléments, les enquêteurs parviennent à identifier les deux autres agresseurs : S., un lycéen de 17 ans et Y., un collégien de 15 ans.

«Moi, je faisais le guet»
Le 29 août au petit matin, le Groupe de soutien opérationnel de Saint-Denis (GSO 93) et des policiers du commissariat d’Aubervilliers procèdent à l’interpellation des trois suspects au domicile de leurs parents respectifs. Placés en garde à vue, M. et S. restent d’abord mutiques, selon les procès-verbaux que Libération a pu consulter. L’aîné nie connaître les deux autres assaillants et dit ne pas être impliqué. Seul le plus jeune d’entre eux, Y., encore collégien, consent à s’expliquer dès le début de sa garde à vue. Il minore son implication : «Rue des Ecoles, nous avons vu deux personnes d’origine chinoise et nous avons remarqué que l’une de ces personnes avait une sacoche. Direct, nous avons décidé de prendre cette sacoche sans même se concerter. Nous les avons alors suivis. M. a donné un coup de pied à l’une des personnes qui est tombé par terre. Moi, je faisais le guet et S. a pris la sacoche du second.»

Les auditions successives de l’étonnant trio révèlent finalement un récit assez détaillé des faits. Ils font connaissance à la cité Lénine d’Aubervilliers, où ils résident, mais selon M., ils ne se fréquentent «pas souvent». Pourtant, sur une photo Facebook, les trois amis se prennent fièrement en selfie. Le dimanche 7 août, M., S. et Y. passent la journée ensemble au centre commercial Le Millénaire. En quittant les lieux, ils se mettent en tête de «voler un téléphone». Entre 18 h 34 et 18 h 40, dans la rue des Ecoles, ils aperçoivent deux individus d’origine asiatique, Chaolin Zhang et Keshou Ren. Ils les suivent puis passent à l’action sans dire un mot. Lors de leur seconde audition, S. et Y. se montrent plus bavards et assurent que c’est M. qui aurait asséné un coup de pied dans le thorax de Chaolin Zhang.

De son côté, M. réfute cette version et conteste être l’instigateur des faits : «A la base, je devais faire le guet. Ensemble, on a vu passer les deux personnes d’origine chinoise et on les a suivies. J’ai alors attrapé l’homme par le col et je lui ai dit "toi, tu ne bouges pas". Je l’ai ensuite relâché et il est venu vers moi en voulant me mettre un coup, je l’ai repoussé en posant mes deux mains sur son torse. Il a chuté au sol et il a frappé sa tête sur le sol.» Avant d’avouer l’avoir «poussé avec son pied», puis une nouvelle fois de revenir sur ses déclarations. Il exprime aussi des regrets : «Ça ne devait pas se passer comme ça, on voulait juste le voler.» Une chose est sûre : ce jour-là, Chaolin Zhang tombe à la renverse, sa tête heurte un muret. S. et Y. arrachent, eux, la sacoche du deuxième homme, l’un d’eux le frappe à la joue. Puis les trois jeunes hommes s’enfuient en courant, la sacoche à la main.

Des cigarettes, des lunettes et des bonbons
De retour à la cité Lénine, ils vident le contenu de la sacoche sur le sol. Le butin est bien maigre : des cigarettes, des lunettes, une batterie externe et des bonbons. Faute de trouver de l’argent, les trois hommes décident de la jeter à la poubelle. Pendant ce temps-là, Chaolin Zhang, d’abord conscient, est transporté à l’hôpital. Il y décède cinq jours plus tard. Selon le rapport d’autopsie consulté par Libération, il est mort des suites d’un «traumatisme crânien grave, découlant d’une fracture du rocher gauche avec hémorragie intracrânienne». Le père de famille d’origine chinoise présente aussi une fracture hémorragique du larynx, qui serait vraisemblablement la conséquence du coup reçu à la poitrine.

Sur la base de ces informations, une confrontation entre les trois hommes est organisée le 17 novembre au tribunal de grande instance de Bobigny. Ils sont tous mis en examen pour «vol avec violence ayant entraîné la mort». La juge les met face à leurs différentes versions. Le trio fait d’abord machine arrière et minimise : M. ne l’aurait pas frappé avec son pied, mais seulement «poussé avec les deux mains». Y. explique à la juge qu’au moment de son incarcération, il a eu «des visions» : «M. n’a pas envoyé un coup de pied, le Chinois lui a fait peur et il l’a juste poussé.» S. revient également sur ses déclarations, assurant qu’il n’avait pas bien compris la question des policiers : «Moi j’ai vu qu’il l’a poussé avec ses deux mains, comme la victime a eu peur, bah voilà.»

M. lui-même finit par avouer spontanément, alors que l’audition est sur le point de se clore : «Je confirme le coup de pied que j’ai mis, que malheureusement ça s’est mal passé, j’ai juste mis le coup de pied pour éviter le coup.» Les versions du témoin principal, Keshou Ren, et celles initialement tenues par S. et Y. concordent néanmoins sur ce point : M. a frappé Chaolin Zhang immédiatement, sans que ce dernier n’ait eu le temps de résister.

«Les Chinois ont plus d’argent»
Autre point qui intéresse rapidement les enquêteurs : le motif de l’agression. Durant sa garde à vue, S. n’en a pas fait mystère : «Les personnes d’origine asiatique ont plus d’argent. On a entendu souvent dire que les Chinois ont beaucoup d’argent.» M. et Y. concèdent aussi aux policiers que le cliché «Chinois = argent» a motivé le passage à l’acte. Dans les rangs de la manifestation qui a suivi la mort de Chaolin Zhang, le 30 août, une rumeur courrait : «Il paraît qu’il y a des gangs qui sont spécialisés dans le vol des Chinois», nous soufflait-on.

Le profil de M. semble, en tout cas, attester que les personnes d’origine asiatique seraient devenues des cibles privilégiées. Entre décembre 2015 et janvier 2016, le jeune homme a déjà été mis en cause dans vingt-trois affaires de vol avec violence, commises en groupe contre des personnes d’origine asiatique dans la zone de la rue des Ecoles. Il a expliqué aux enquêteurs avoir été relaxé dans une quinzaine d’entre elles. A ce stade, il a été condamné une seule fois, dans un dossier où le mode opératoire est identique à celui de l’affaire Zhang : dans le même secteur, les agresseurs suivaient des victimes d’origine asiatique avant de leur porter des coups et de se saisir de leur sac à main. Ce groupe assénait «des coups parfois extrêmement violents aux victimes pour neutraliser leur résistance», peut-on lire dans le rapport d’enquête. S. avait, lui aussi, été déféré en 2016 à deux reprises pour des faits de vol avec violence, et placé sous contrôle judiciaire. Y. avait également des antécédents et se trouvait en «liberté surveillée préjudicielle» (une mesure qui vise à surveiller le comportement d’un mineur).

Circonstance aggravante
Vendredi, la magistrate en charge du dossier a décidé de retenir la circonstance aggravante de racisme, avant même la tenue du procès. Un fait inédit si tôt au cours de l’instruction, car dans les dossiers qui concernent des personnes d’origine asiatique, les faits sont difficiles à étayer, selon Me Vincent Fillola, avocat de la famille. «C’est un racisme banalisé. Plusieurs éléments ont permis de requalifier le dossier. D’abord, leurs déclarations : le fait qu’ils n’aient pas ciblé ces personnes de manière anodine. Et puis leurs antécédents : deux d’entre eux étaient en liberté surveillée, l’autre était déjà connu pour des faits de violence qui visaient la communauté.» Me Rachel Lindon, avocate à la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme) – qui s’est constituée partie civile – ajoute : «Le fait que les prévenus soient passés aussi rapidement et clairement aux aveux a sans doute joué.»

Interrogé, Me Philippe Henry Honegger, avocat de M., a indiqué à Libération avoir contesté la circonstance aggravante de racisme : «C’est dévoyer ce pour quoi la loi a été faite. Quand le motif est simplement de considérer que ces gens ont de l’argent, ça n’a rien de racial. Qu’ils soient Chinois n’a aucun lien. Il est vrai qu’il y a des personnes d’origine chinoise à Aubervilliers qui travaillent dans le textile et donc échangent de l’argent liquide. Mais s’ils avaient été Turcs, Australiens ou Bretons, ils y seraient allés aussi. A une époque, les jeunes attendaient sur le bord des autoroutes et cassaient la vitre avec des pierres. Ils prenaient le sac des femmes. Pourtant on ne leur a jamais dit "c’est un vol sexiste". Et poursuit, selon un raisonnement assez inédit : A un moment, les personnes d’origine chinoise étaient régulièrement la cible de vol après les mariages à la sortie du restaurant. Ils recevaient une somme importante, c’est la tradition. Si les Australiens avaient eu la même tradition, ils auraient été visés aussi. Ce n’est pas du racisme. La communauté asiatique a décidé de sensibiliser sur la question du racisme anti-asiatique. Je ne dis pas qu’il n’existe pas. Mais les juges se sont peut-être laissés emporter par ça.»


En septembre, la circonstance aggravante de racisme anti-asiatique avait déjà été retenue dans un cas similaire. Trois hommes s’en étaient pris à une famille d’origine chinoise à la sortie d’un restaurant à Bobigny. Déjà, deux éléments que l’on retrouve dans le dossier d’Aubervilliers avaient permis de requalifier les faits : les hommes étaient connus pour des vols avec violence visant des personnes d’origine asiatique, et il avait pu être établi grâce à la vidéosurveillance que les trois agresseurs avaient délibérément ciblé leurs victimes sur de leur apparence physique. Le jugement, consulté par Libération, précise que «la circonstance aggravante n’a fait l’objet d’aucune discussion de la part des trois prévenus». Ce qui ne sera probablement pas le cas lors du prochain procès de M., S. et Y., qui doit se tenir d’ici la fin de l’année. Lors de la confrontation, lorsque la juge leur a exposé la circonstance aggravante, les trois hommes se sont défendus de racisme. D’un côté, Me Honegger se dit prêt à «défendre cette position». De l’autre, les parties civiles n’ont aucun doute sur le caractère raciste de l’agression. Y. encourt jusqu’à 15 ans de prison, S. 30 ans, et M. la perpétuité.

Trois jeunes jugés pour l'agression «raciste» d'un Chinois à Aubervilliers (21.07.2017)

Flash Actu | Par Le Figaro.fr avec AFP

Mis à jour le 21/07/2017 à 18h44

Les trois agresseurs présumés de Zhang Chaolin, un couturier chinois décédé des suites d'un vol violent à caractère "raciste" à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) en août 2016, ont été renvoyés en procès à Bobigny, a appris hier l'AFP de source proche du dossier.

Ils ont tous les trois été renvoyés pour les faits criminels de "vol avec violences ayant entraîné la mort". Dans son ordonnance de renvoi, la juge d'instruction a par ailleurs retenu la circonstance aggravante d'une agression commise en raison de "l'appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie ou une nation". Ce renvoi est susceptible d'appel.

Deux mineurs et un jeune majeur

La victime s'appelait Zhang Chaolin. Immigré chinois de 49 ans, il travaillant comme ouvrier textile et avait été agressé le 7 août 2016 alors qu'il marchait en compagnie d'un ami, également d'origine chinoise. Ils avaient été frappés par trois personnes qui s'étaient emparées de la sacoche de ce dernier, qui ne contenait en fait qu'un chargeur de portable et quelques bonbons. M. Zhang avait lourdement chuté sur la tête après avoir reçu un coup de pied au torse. Il était décédé après cinq jours de coma.

» Lire aussi - Aubervilliers : trois arrestations après l'agression mortelle d'un Chinois

Les trois jeunes hommes avaient expliqué aux enquêteurs s'en être pris aux deux amis, en préjugeant que leurs victimes étaient "susceptibles de détenir de l'argent" en espèces, du fait de leur appartenance à la communauté chinoise.

Deux des mis en cause, 17 et 19 ans au moment des faits, sont renvoyés devant la cour d'assises des mineurs, le troisième, qui était âgé de 15 ans, devant le tribunal pour enfants statuant en matière criminelle. Les deux mineurs et le jeune majeur avaient reconnu leur implication face aux enquêteurs, tout en minorant leurs rôles respectifs.

Agression à caractère raciste

"C'est un crime crapuleux sous-tendu par un préjugé raciste selon lequel Chinois = cash dans la poche", a dit à l'AFP Vincent Fillola, avocat de la victime blessée et des proches des deux hommes.
"C'est très important que cette circonstance soit reconnue parce qu'elle est réelle et pour que ça cesse", a ajouté Rachel Lindon, avocate de la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme), partie civile.

La mort de M. Zhang avait provoqué des manifestations à Aubervilliers, où travaillent plus de 10.000 personnes originaires de Chine autour de la première plateforme d'import-export textile d'Europe, ainsi qu'à Paris.

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Des ouvriers d'Échirolles harcelés par des bandes d'ados (18.07.2017)

HOME  ACTUALITE  SOCIÉTÉ
 Par Anne Jouan Mis à jour le 18/07/2017 à 19:29 Publié le 18/07/2017 à 19:09

Le chantier de la halte-garderie devrait reprendre en septembre. Il sera sécurisé, notamment avec des effectifs de la police nationale.

Deux chantiers sont suspendus depuis deux mois après que des jeunes ont intimidé des ouvriers. Ils leur reprochent d'occuper des emplois à leur place. Des interpellations ont eu lieu.


Après deux mois d'interruption, le chantier espace public a pu reprendre mardi à Échirolles (Isère). Il avait été suspendu mi-mai quand une bande de jeunes du coin était venue intimider et menacer les ouvriers. Ils leur reprochaient d'occuper des emplois auxquels ils auraient, eux, pu prétendre. Après avoir demandé aux perturbateurs de les laisser travailler en paix, les ouvriers avaient fait valoir leur droit de retrait dans deux chantiers d'Échirolles: une halte-garderie de ...

Aisne: plus de mineurs dans les rues à 23h (17.07.2017)
Par Le Figaro.fr avec AFPMis à jour le 17/07/2017 à 16:28 Publié le 17/07/2017 à 16:14

Le maire d'un village de l'Aisne, Origny-Sainte-Benoîte, vient de prendre un arrêté pour interdire la circulation des mineurs après 23 heures, estimant qu'ils étaient à l'origine de dégradations et nuisances sonores.

"Nous avons pris cette décision avec le conseil municipal pour que les parents comprennent qu'après 23 heures, les enfants n'ont rien à faire dehors", a expliqué aujourd'hui à l'AFP Francis Delville, maire de cette commune de 1800 habitats à l'ouest de Saint-Quentin.


Prise le 11 juillet, cette mesure fait suite à "une série de dégradations et nuisances sonores", constatées après l'extinction des lumières dans le village, à 23 heures. Elles seraient le fait d'une "quinzaine de mineurs", selon M. Delville. "En période scolaire, c'est le week-end mais en période de vacances, c'est tous les jours. Nous voulons tous passer un été tranquille", a-t-il ajouté, réfutant le terme de "couvre-feu" et affirmant vouloir "avant tout sensibiliser les parents".

C'est la gendarmerie qui sera chargée d'intervenir: "Si un mineur est interpellé après 23 heures, il sera ramené chez ses parents ou conduit à la gendarmerie où ses parents viendront le chercher le lendemain".

Seine-et-Marne. Une crèche part en flammes, la piste criminelle privilégiée (17.07.2017)


Modifié le 17/07/2017 à 10:50 | Publié le 17/07/2017 à 10:50

Un incendie a partiellement réduit en cendres une crèche de Chelles (Seine-et-Marne) dimanche soir, sans faire de blessés, a-t-on appris lundi auprès de sources policières qui privilégient la piste criminelle.

 L'incendie du bâtiment situé dans le centre de cette ville de la région parisienne s'est produit vers 21h, dimanche. Il a été « rapidement maîtrisé » par les pompiers, a indiqué l'une de ces sources policières. Le rez-de-chaussée a été « détruit » et le premier étage « endommagé », a-t-elle précisé.


« La porte du bâtiment a été retrouvée ouverte par les pompiers », a-t-elle poursuivi, ajoutant que la piste « criminelle » était privilégiée. Une autre source policière a aussi évoqué des « actes de vandalisme » à l'intérieur du bâtiment.

Seine-et-Marne : 2 jeunes écroués après la mort d'un homme (17.07.2017)

Par Le Figaro.fr avec AFPMis à jour le 17/07/2017 à 16:38 Publié le 17/07/2017 à 16:34


Deux suspects, un homme et une femme d'une vingtaine d'années, ont été mis en examen et écroués hier après la mort d'un père de famille de 47 ans qui s'était interposé lors d'une bagarre à Nangis en Seine-et-Marne, selon des sources concordantes.

Une information judiciaire a été ouverte et les deux suspects, qui avaient été interpellés rapidement après les faits, ont été placés en détention provisoire, a indiqué le parquet de Melun.

Selon les premiers éléments de l'enquête, la victime a reçu un coup de couteau en intervenant "pour apaiser les choses" dans une dispute entre des jeunes d'un quartier défavorisé de Nangis, dans la nuit de jeudi à vendredi.


Blessé à l'artère fémorale, ce père de trois enfants, très apprécié dans le quartier, a succombé à une hémorragie. Une marche blanche est organisée ce lundi à 18H00 par la famille de la victime.


« Il faut que les choses changent. Hassen a grandi à Nangis, c’était la belle époque » (16.07.2017)
>Île-de-France & Oise>Seine-et-Marne>Nangis|Sophie Bordier S. B.|16 juillet 2017, 21h06 | MAJ : 17 juillet 2017, 11h03|0


Nangis. La famille très soudée organise une marche ce lundi. Ici, Hassen Kherbache (avec la casquette) près de son frère aîné Mohammed (à droite) et de ses frères Larbi et Zouhir (à gauche) avec leur neveu Youssef (2e en partant de la gauche) DR
Sophie Bordier S. B.

En attendant l’inhumation du père de famille au Maroc, un rassemblement est prévu ce lundi à 18 heures. Côté enquête, une femme et un jeune homme ont été placés en détention provisoire.

Une marche silencieuse est prévue ce lundi à 18 heures à Nangis*en hommage à Hassen Kherbache, 47 ans, mortellement blessé à l’arme blanche à la cuisse alors qu’il tentait de s’interposer dans une rixe dans la nuit du 13 au 14 juillet dans le quartier de la Mare-au-Curé. Ce père de famille laisse une épouse et trois orphelins âgés de 10, 8 et 4 ans.

Ce sont les femmes de la famille Kherbache qui ont décidé cette marche, à commencer par Malika, sa veuve. Toute vêtue de blanc, très émue, les yeux humides, elle lance avec détermination : « Il faut que les choses changent. Hassen a grandi à Nangis, c’était la belle époque. Avec les nouvelles générations, il y a une violence qui n’a rien à faire ici. En organisant cette marche, nous voulons faire réagir les gens. »

Dans le pavillon de la mère d’Hassen ce dimanche, beaucoup d’amis, de voisins se retrouvent. Une cinquantaine de personnes qui se tenaient dans le salon, dans le jardin, dans la cuisine ou devant la bâtisse. Depuis trois jours, la maison ne désemplit pas. On apporte des gâteaux. La famille offre du thé à la menthe. Des gens issus de diverses communautés.

« Notre père a été le premier immigré marocain arrivé à Nangis en 1966. Notre famille est très connue et parfaitement intégrée », assure Asmaa, une sœur du défunt. Elle prononcera une discours à l'issue de la marche silencieuse, sur les lieux du drame. Elle commençait hier à réfléchir au texte qu’elle voulait écrire. Elle cite ses frères en exemple : Mohammed, fondateur du club de boxe, Larbi médiateur. Hassen avait travaillé aux services techniques de la ville. « À la marche, il y aura des Turcs, des musulmans, des commerçants, des enseignants comme Jean, notre ancien instituteur...», assure-t-elle, tellement Hassen était apprécié.

Dévastée par le chagrin, la famille s’interroge aussi sur le ou les auteurs présumés du coup mortel. « Dans cette famille, le fils se promenait toujours avec un couteau. Pourquoi il n’y a pas eu de suivi ? J’ai dit qu’un jour ça finirait mal », soupire Larbi, un des trois frères du défunt.
*Rassemblement à 18 heures à l’angle du boulevard Henri-Rousselle et de la rue du Marquis de Guerchy.

Deux personnes mises en examen et écrouées

Que s’est-il passé, ce 14 juillet à Nangis ? Selon les premiers témoignages, des jeunes du quartier ont refusé de serrer la main à un autre, arrivé de la petite couronne avec sa famille il y a plusieurs mois. Une altercation a suivi. Le jeune aurait sorti un couteau. Désarmé, il serait monté dans son logement puis redescendu avec ses parents. Des témoins auraient vu la mère portant des couteaux de cuisine. Hassen se serait alors interposé pour calmer la rixe. Il a été mortellement blessé à l’artère fémorale par arme blanche. Le père du jeune, lui, a été roué de coups et se trouve toujours hospitalisé dans un état grave. Les gendarmes ont interpellé trois personnes. Le parquet de Melun a ouvert une information judiciaire pour assassinat et violences aggravées. Ce dimanche, une femme et l’homme âgé d’une vingtaine d’années ont été placés en détention provisoire. La troisième personne a été remise en liberté. Le parquet n’en dira pas plus sur qui a porté le coup fatal à Hassen.


Seine-et-Marne : recueillement après la mort tragique d’Hassen Kherbache à Nangis (15.07.2017)


>Île-de-France & Oise>Seine-et-Marne|Sophie Bordier|15 juillet 2017, 19h36 | MAJ : 15 juillet 2017, 20h43|3

Nangis, 15 juillet. Mohammed Kherbache (en tee-shirt rouge), frère de la victime, au milieu des riverains venus déposer des roses blanchesprès de l'endroit où Hassen Kherbache a été mortellement blessé. LP/Sophie Bordier

Seine-et-MarneCoup mortelHassen Kherbachequartier de la mare au Curé
Trois personnes ont été placées en garde à vue et une information judiciaire ouverte après le décès de l’ancien agent communal.

Certains ont apporté une rose blanche. D’autres sont venus avec leurs mots et leurs bras tendus. Près d’une trentaine d’habitants du quartier de la Mare au Curé, à Nangis, se sont réunis ce samedi à partir de 13 h 30 près du lieu où Hassen Kherbache est décédé dans la nuit du 13 au 14 juillet.

Agé de 47 ans, ce père de famille qui rentrait du feu d’artifices de la ville a tenté de s’interposer dans une rixe pour calmer les choses.

Touché à l’artère fémorale avec une arme blanche

Selon l’autopsie, effectuée ce samedi, il a été mortellement blessé à l’artère fémorale avec une arme blanche par l’un des protagonistes. Trois personnes ont été placées en garde à vue.
Samedi, ses proches ont multiplié les hommages. «Un homme généreux, joyeux, quelqu’un de bien » soupire Nelly. «Un homme toujours prêts à apaiser les relations entre les gens » assure Florence. «C’est injuste » résume une habitante.

Aucun problème entre les communautés turque et marocaine

Frère du défunt, Mohammed incite chacun au calme. Soutenu par Driss Lachhab, représentant du conseil régional du culte musulman, il le redit : «Il n’y a aucun problème entre les communautés turque et marocaine. C’est un cas particulier. »

La victime sera inhumée au Maroc. Le maire Michel Billout (PCF) réfléchit avec les élus et la famille à faire un geste solennel pour saluer le courage d’Hassen qui fut aussi agent communal.
Le parquet va demander l’ouverture d’une information judiciaire.


Seine-et-Marne : Hassen, 47 ans, tué en s’interposant dans une rixe à Nangis (14.07.2017)

>Île-de-France & Oise>Seine-et-Marne>Nangis|Sylvain Deleuze|14 juillet 2017, 11h18 | MAJ : 15 juillet 2017, 17h10|10


Nangis, vendredi midi. Des techniciens en identification criminelle de la gendarmerie étaient toujours sur les lieux où un homme a été mortellement blessé lors d’une rixe entre deux bandes dans le quartier de la Mare-aux-Curées, durant la nuit du jeudi 13 au vendredi 14 juillet. LP/Sylvain Deleuze
Sylvain Deleuze

En voulant mettre fin à une bagarre, un père de famille a été mortellement poignardé. Une autre personne a également été blessée lors de cette soirée émaillé de violences.

L’ambiance était pesante au cœur du quartier de la Mare-aux-Curées à Nangis (Seine-et-Marne), ce vendredi matin. Hassen, un père de trois enfants, âgé de 47 ans, a été mortellement poignardé à la cuisse alors qu’il essayait de s’interposer entre plusieurs individus, aux alentours de minuit. A 20 mètres de là, un autre homme a également été roué de coups et est dans un état jugé sérieux.


Hassen, 47 ans, a été tué jeudi soir dans son quartier. DR.

Les gendarmes de la section de recherche de Paris, en charge de l’enquête, ont procédé à plusieurs interpellations dans les heures qui ont suivi. Mais aucune information sur l’identité de l’auteur du ou des coups mortels n’a été communiquée, ni s’il figure parmi les personnes arrêtées.

«Il n’y a aucun problème entre communautés», tient à préciser d’emblée Mohammed, l’un des frères de la victime. Selon ses dires, «une altercation entre jeunes a éclaté pour rien. L’un d’eux aurait sorti un couteau et aurait été désarmé. Furieux, il serait allé chercher ses proches. Ils seraient descendus, armés, avec d’autres personnes. Mon frère qui rentrait du feu d’artifice aurait voulu s’interposer et a été mortellement blessé». La seconde victime aurait été blessée à la suite de ces premiers faits.

«Mort en accomplissant son devoir de citoyen»

«Les secours ont mis beaucoup de temps pour intervenir car les pompiers devaient être escortés par les gendarmes, raconte Mohammed. Touché à l’artère fémorale, il a perdu énormément de sang malgré le point de compression que quelqu’un a fait.»

A l’arrivée des secours, la tension était extrême et les forces de l’ordre ont d’ailleurs été caillassées. Un gendarme a reçu un coup de poing. «Il y avait des pierres qui pleuvaient de partout, décrit une mère de famille qui rentrait du feu d’artifice. Les gendarmes ont dû se déployer pour disperser plein de jeunes alors que la victime gisait dans son sang.»

Michel Billout, le maire (PC) de Nangis, s’est rendu dans le quartier dès jeudi soir. Dans un communiqué, il a rendu hommage à Hassen, un ancien employé de la mairie, «mort en accomplissant son devoir de citoyen». L’édile a aussi lancé «un appel au calme afin que les enquêteurs et la justice fassent convenablement leur travail». «C’était quelqu’un de gentil, c’est terrible», raconte une habitante du quartier, la gorge nouée. Arsène, un grand colosse, marche hagard. «Je suis sonné. Je ne réalise pas. Je le connais depuis 10 ans, bredouille-t-il. Il cherchait toujours à arranger les problèmes.»




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